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Véritable emblème du Vieux-Port de Montréal, il est difficile de manquer le Silo #5, gigantesque structure de béton au sud de la rue McGill. Long d’un demi-kilomètre et haut de 66 mètres (218 pieds), le complexe est formé de 206 silos et d’un amalgame de bâtiments bâtis sur une période de plus de cinquante ans.
Situé à l’entrée du canal Lachine, le Silo no. 5 se trouve sur la jetée de la Pointe-du-Moulin-à-vent, créée de remblais tirés de la construction du canal. C’est en 1906 qu’entre en activité le Silo #5, anciennement désigné sous le nom d’Élévateur B. Conçu de brique et de matériaux non combustibles afin d’éviter tout risque d’explosions de poussières de grains, une première annexe sera ajoutée en 1913, puis agrandie en 1923 et 1924. Dès lors, ce sont plus de 60 silos circulaires qui servent à entreposer le grain en provenance de tout le pays, mais principalement de l’Ouest canadien. Plaque tournante du commerce du grain en Amérique du Nord et principal port céréalier, le (vieux) port de Montréal est alors en pleine ébullition. Le chemin de fer et le canal Lachine sont le maillon de cette économie qui permet ainsi d’exporter en Europe la précieuse céréale.
Entre 1957 et 1959, un troisième bâtiment sera construit dans le prolongement du silo existant. Fait à noter, les quelques étages supérieurs qui seront ajoutés seront les rares sections vitrées du gigantesque complexe. C’est d’ailleurs cette partie qui est visible lorsqu’on se trouve sur la rue de la Commune.
Désaffecté depuis 1994, le site est aujourd’hui en proie au vandalisme et aux graffiteurs qui viennent y parfaire leur art. Patrouillé par plusieurs équipes de gardiens, il n’est pas rare de voir des hordes d’adolescents fuir les lieux comme des chevreuils apeurés lorsque les autorités les débusquent.
Le silo #2, anciennement situé devant le marché Bonsecours, haut de 15 étages et point le plus élevé à Montréal à sa construction en 1910, a été détruit en 1978 afin d’offrir aux Montréal un meilleur accès au fleuve. D’autres structures imposantes ont été également détruites ou réaménagées afin de faire la transition du passé industriel du Vieux-Port vers un avenir touristique du secteur.
De son côté, le vieux Silo no. 5 demeure isolé entre le secteur portuaire encore en activité et le secteur touristique en pleine ébullition. Nombreux ont été les projets de réaménagement du complexe, mais aucun n’a su se concrétiser. De l’hôtel au centre de données (data center) en passant par des musées et sa démolition pure et simple, ce sont plus d’une centaine de projets qui ont été proposés. Dernièrement, dans le journal La Presse, on proposait de reprendre le principe du High Line trail de New York (sentier aménagé sur une ancienne voie ferrée surélevée) afin d’offrir aux visiteurs une vue sur Montréal à partir du sommet des silos.
L’idée est, certes, intéressante, mais il reste à voir l’accueil qui sera fait par la Société Immobilière du Canada, chargée de développer et de remettre en valeur le secteur d’ici 2025.
Le problème des silos industriels et désaffectés n’est pas propre à Montréal. Plusieurs villes à travers le monde ont usé d’originalité afin de revitaliser des secteurs anciennement industriels et aujourd’hui, revitalisés. L’exemple d’Akron en Ohio est intéressant. Le complexe d’une cinquantaine de silos a été transformé en hôtel.
À Copenhague, deux anciens silos ont également été convertis en complexe résidentiel, s’inscrivant ainsi dans un programme de revitalisation des îles Brygge, situées en face de la capitale du Danemark.
Photo: Bob Collowan/Commons/CC-BY-SA-4.0
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