Nous sommes à quelques mois du XXe siècle et la tuberculose demeure un fléau que l’on n’arrive pas à endiguer ou ni même contrôler. Le sanatorium qui ouvre ses portes en 1899 s’est fixé deux missions. Si la première est de soigner les patients,...
Ce matin-là, c’est le choc. Les pleurs et la détresse se lisent dans les visages de ces hommes à la carrure taillée à la hache et où les tatous témoignent d’un parcours difficile. Car avant les sanglots et le désespoir, il y a eu cette annonce, celle de la fermeture de l’institut où ils se trouvent, de cet endroit où ils tentaient de chasser leurs démons. La fermeture est non seulement imminente, elle est surtout immédiate. À la fin de la journée, il ne doit plus rester personne entre ses murs. Aussi bien dire que le réveil est brutal, et ce, à l’image de l’hiver qui sévit à l’extérieur.
Pour certains qui voyaient un peu d’espoir en ce lieu, c’est le dur retour à une réalité qu’ils cherchaient à fuir : direction la prison, menottes aux poings. Pour les autres, ils seront dispersés un peu partout où les ressources le permettront. La confiance de ces patients en une réhabilitation venait de prendre un sale coup.
Et devant eux, des employés tout aussi désemparés qui ne savent pas quoi faire devant ce baril de poudre qui vient de leur exploser au visage. Car bien au-delà de l’emploi qu’ils perdent, ils ne peuvent s’empêcher de penser à leurs patients, laissés à eux-mêmes.
Et tout autour d’eux, des murs, des murs qui pourraient témoigner de centaines, voire des milliers d’histoires qu’ils ont vu défiler. De belles histoires et d’autres, hélas, moins glorieuses.
Car malgré un changement de nom, cette institution, véritable phare dans le paysage régional, aura survécu à de nombreuses crises au cours de sa quarantaine d’années. Mais cette fois, pas de sauvetage, pas de gouvernement qui vient à l’aide d’une clientèle vulnérable. Rien. Que le bruit de la clé dans la serrure pour une dernière fois.
Il faut dire qu’au plus fort de son occupation, ils étaient près de 130 à venir remettre leur vie sur les rails. Certains y parvenaient, d’autres y revenaient, jurant qu’ils allaient enfin vaincre leurs propres démons.
Le site est vaste. Autrefois, on y soignait des patients avec un handicap intellectuel. Et avant eux, l’établissement était un dispensaire où étaient offerts des soins médicaux. C’était dans les années 20. Bref, la tradition d’aider son prochain est forte en ce lieu devenu silencieux.
Aujourd’hui, une large pancarte plantée par un créancier qui cherche à revendre les lieux à prix fort fait office de chapitre final. La vocation des lieux risque fortement de changer. Malgré les incertitudes qui planent sur son avenir, il y a fort à parier que sa situation géographique attire les promoteurs immobiliers bien plus que les miséricordieux.
Nous sommes à quelques mois du XXe siècle et la tuberculose demeure un fléau que l’on n’arrive pas à endiguer ou ni même contrôler. Le sanatorium qui ouvre ses portes en 1899 s’est fixé deux missions. Si la première est de soigner les patients,...
Le complexe est immense et compte plusieurs bâtiments rattachés par un ingénieux système de tunnels qui relie tous les édifices. S’y perdre est un véritable jeu d’enfant et sans ces codes de couleurs aux murs, il y a fort à parier que nous nous...
Contaminé à la tuberculose, cet ancien hôpital juif converti en sanatorium est abandonné depuis 1998. Construit en 1930, l'immeuble était de style Art déco, un mouvement peu répandu à l'extérieur des villes. Était de style Art déco, car il a...
Achevé en 1883 et financé par un industriel de la région, cet orphelinat pour garçon se voulait une béquille à une époque marquée par la pauvreté et un bon nombre d'enfants abandonnés et laissés à eux-mêmes. Lancé en 1875, le projet se voulait...