Le centre psychiatrique, aujourd'hui abandonné, de Riverside est un ancien hôpital psychiatrique de l'état de New York qui a cessé ses opérations au tournant du nouveau millénaire. Ouvert en 1873, c'est environ 300 patients qui pouvaient s'y...
Ce matin-là, c’est le choc. Les pleurs et la détresse se lisent dans les visages de ces hommes à la carrure taillée à la hache et où les tatous témoignent d’un parcours difficile. Car avant les sanglots et le désespoir, il y a eu cette annonce, celle de la fermeture de l’institut où ils se trouvent, de cet endroit où ils tentaient de chasser leurs démons. La fermeture est non seulement imminente, elle est surtout immédiate. À la fin de la journée, il ne doit plus rester personne entre ses murs. Aussi bien dire que le réveil est brutal, et ce, à l’image de l’hiver qui sévit à l’extérieur.
Pour certains qui voyaient un peu d’espoir en ce lieu, c’est le dur retour à une réalité qu’ils cherchaient à fuir : direction la prison, menottes aux poings. Pour les autres, ils seront dispersés un peu partout où les ressources le permettront. La confiance de ces patients en une réhabilitation venait de prendre un sale coup.
Et devant eux, des employés tout aussi désemparés qui ne savent pas quoi faire devant ce baril de poudre qui vient de leur exploser au visage. Car bien au-delà de l’emploi qu’ils perdent, ils ne peuvent s’empêcher de penser à leurs patients, laissés à eux-mêmes.
Et tout autour d’eux, des murs, des murs qui pourraient témoigner de centaines, voire des milliers d’histoires qu’ils ont vu défiler. De belles histoires et d’autres, hélas, moins glorieuses.
Car malgré un changement de nom, cette institution, véritable phare dans le paysage régional, aura survécu à de nombreuses crises au cours de sa quarantaine d’années. Mais cette fois, pas de sauvetage, pas de gouvernement qui vient à l’aide d’une clientèle vulnérable. Rien. Que le bruit de la clé dans la serrure pour une dernière fois.
Il faut dire qu’au plus fort de son occupation, ils étaient près de 130 à venir remettre leur vie sur les rails. Certains y parvenaient, d’autres y revenaient, jurant qu’ils allaient enfin vaincre leurs propres démons.
Le site est vaste. Autrefois, on y soignait des patients avec un handicap intellectuel. Et avant eux, l’établissement était un dispensaire où étaient offerts des soins médicaux. C’était dans les années 20. Bref, la tradition d’aider son prochain est forte en ce lieu devenu silencieux.
Aujourd’hui, une large pancarte plantée par un créancier qui cherche à revendre les lieux à prix fort fait office de chapitre final. La vocation des lieux risque fortement de changer. Malgré les incertitudes qui planent sur son avenir, il y a fort à parier que sa situation géographique attire les promoteurs immobiliers bien plus que les miséricordieux.
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