Archive - Le Grossinger's Catskill Resort Hotel
L'hôtel Grossinger abandonnée

L'hôtel Grossinger abandonnée

L'hôtel Grossinger abandonnée

Le Grossinger's Catskill Resort Hotel

Région des Catskill (New York), États-Unis

L’histoire de l’hôtel Grossinger, c’est avant tout celle d’une famille d’immigrants juifs autrichiens arrivés à New York et dont le paternel s’est fait un jour prescrire par son médecin d’aller se refaire une santé à la campagne.

Nous sommes en 1914 et voilà notre homme, Selig Grossinger, qui se porte acquéreur d’une ferme dans la région des Catskill. L’échec financier que fut le restaurant qu’il avait dans le quartier Lower East-Side de New York (on lui reprochait des portions trop grandes), lui porte à croire que l’agriculture lui sera plus favorable. Hélas, le sol de sa terre n’a pas la fertilité souhaitée et les voilà réduits à recevoir des visiteurs dans sa demeure afin de faire vivre la famille.

Mais voilà que les talents culinaires de Malka, l’épouse de Selig se mettent à attirer de plus en plus de visiteurs. Qui plus est, l’accueil y est chaleureux et chaudement recommandé.

Quatre ans plus tard, ils décident de vendre la ferme pour 10 000$ et se portent acquéreurs d’un site enchanteur dans le village de Liberty. C’est là que sera construit le célèbre hôtel Grossinger. En tout, 1 000 acres de terrain permettront de donner libre cours aux idées les plus folles pour faire de cette destination un incontournable de la région.

Érigé au début des années 1920, le bâtiment principal comptera 325 chambres, cinq lobbies, une boîte de nuit, des boutiques et une salle à manger qu’on disait grande comme deux terrains de football.

Au cours de la même décennie, on construira un terrain de golf de 18 trous et la famille embauchera l’un de ses clients, alors étudiant, pour concevoir des publicités afin de faire de l’établissement un grand hôtel de réputation internationale.

Au fil des ans, on ajoutera une piscine extérieure de taille olympique, un bureau de poste, un petit aéroport et même un journal hebdomadaire tiré à 100 000 exemplaires que l’on distribue un peu partout à travers les États-Unis.

D’abord destinées à une clientèle juive, plusieurs pratiques du personnel permettaient même de s’adapter à la foi juive orthodoxe. Ainsi, du coucher du soleil du vendredi jusqu’à celui du samedi, les employés retiraient toutes les indications écrites pour les remplacer par des pictogrammes. De plus, puisque les Juifs ne peuvent travailler durant le Sabbath, l’établissement était alors géré par le personnel non-juif. Cela permettait ainsi à l’hôtel de demeurer ouvert, chose qui n’était pas le cas pour d’autres institutions juives orthodoxes tel que le Pioneer qui empêchait tout visiteur de s’enregistrer durant le Sabbath.

Dans les années 1960, durant son apogée, l’hôtel Grossinger pouvait accueillir plus de 1 200 invités et employait plus de 900 personnes dont la grande majorité vivait sur place. On y dormait pour 65$ en occupation double (74$ le week-end) et les trois repas par jours y étaient inclus. Annuellement, l’hôtel recevait la visite de plus de 100 000 visiteurs.

D’ailleurs, dans cette région, principalement visitée par une clientèle juive, on dénombrait à cette époque plus de 500 hôtels dont la grande majorité est aujourd’hui fermée.

On raconte même que c’est le Grossinger qui servit d’inspiration pour le complexe touristique fictif de Kellerman aperçu dans le célèbre film « Dirty Dancing » avec Patrick Swayze et Jennifer Grey.

Plusieurs vedettes et grands de ce monde ont séjourné au Grossinger. Eddie Fisher et Elizabeth Taylor s’y sont mariés en 1959, le roi Beaudoin de Belgique insiste pour y passer un week-end incognito, chose que fit également le baron de Rothschild.

La fermeture

L’hôtel ferme officiellement ses portes en 1986 suite à une baisse de sa clientèle. L’année précédente, la famille Grossinger l’avait vendu pour une somme de 9 millions de dollars américains à un groupe d’investisseurs new-yorkais.

Alors que sa rénovation est évaluée à plus de 4 millions de dollars, les nouveaux propriétaires décident plutôt de démolir certains bâtiments et projettent de construire 2 000 unités de condos autour du lac et du terrain de golf.

On espère ainsi conserver le cachet et la grâce du vieil établissement tout en offrant un effet de modernité. Glenn Chwatt, l’un des investisseurs déclare même qu’une salle à manger gastronomique sera construite où les gens pourront « prendre à gaucher pour perdre 10 libres et à droite pour en gagner 10 ».

Ce projet ne verra jamais le jour.

En 1999, la propriété change à nouveau de propriétaire. Louis R. Cappelli s’en porte acquéreur et ses projets sont aussi imposants que ses prédécesseurs. Au menu : un centre de conférence, des maisons, un spa et des chalets. Aujourd’hui encore, celui qui a porté seul et à bout de bras ce projet d’envergure espère que le casino qui vient d’être construit au coût de 750 millions de dollars américain près du lac Kiamesha permettra à son projet de profiter de cette nouvelle manne touristique.

Hélas, pour le moment, il en est toujours au montage financier qui lui permettra de décontaminer les sols et de mettre en branle ce grand projet. Entre-temps, malgré que le golf soit encore ouvert, tout le reste du complexe demeure la proie des vandales qui viennent y saccager ses derniers vestiges.

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