Les idées de projets ne manquent pas pour cette vieille prison provinciale aujourd’hui abandonner. Fermée en 2001 suite à la construction d’un centre carcéral plus grand et plus moderne, ce sont plus d’une dizaine de projets qui ont été lancés en...
Il en fallait de la motivation pour prendre la route par ce matin glacial de décembre alors que le thermomètre indiquait -29°C. Mais la destination en valait la peine: une prison abandonnée vieille de 130 ans à Sherbrooke. Qui plus est, j'avais obtenu une autorisation spéciale d'y tenir une session de photo. La journée allait être d'une productivité incroyable dans cette prison au nom tout approprié pour cette journée au froid Sibérien: la prison Winter.
C'est en 1865 que débute la construction de la prison. Les plans sont signés par Frederic Preston Rubidge et seront réalisés pour un coût de 30 734$. Ouverte en 1870 et complétée en 1872, la prison compte 51 cellules, dont une aile de trois cellules pour les femmes. On y retrouvait également une cellule d'isolement, un parloir, une chapelle et une infirmerie.
Dès son ouverture, l'établissement carcéral se voit attitré de la réputation déplorable de la prison la plus insalubre du Québec. Alors que les cellules sont minuscules où il n'y a de l'espace que pour un lit simple, les prisonniers se voient forcés d'utiliser des pots de chambre pour leurs besoins. Il faudra attendre en 1899 pour que la prison soit dotée de toilettes. De plus, les sept cellules du rez-de-chaussée sont inhabitables à cause de l'humidité extrême qu'il y règne. Quant à l'eau courante, elle ne sera installée qu'en 1914. Et on ne parle même pas du froid glacial que subissent les prisonniers durant la saison hivernale.
Située dans l'arrondissement de Jacques-Cartier, la prison Winter était au cœur du secteur judiciaire. À courte distance, nous retrouvions le Palais de justice, les résidences des juges et des avocats.
Avant que la peine de mort soit abolie au Canada en 1976, les crimes punissables par ce châtiment en 1869 étaient le meurtre, le viol et la trahison. Alors que Canada aura pendu 710 personnes dont seulement 13 femmes au cours de son histoire, la prison Winter exécutera de son côté six de ses pensionnaires. Si les derniers condamnés à mort au Canada sont Arthur Lucas et Robert Turpin le 10 décembre 1962, celui de la prison Winter sera Albert St-Pierre, reconnu coupable du meurtre de Reny Malloy à Hereford. Il sera pendu le 6 mai 1932.
Pour sa part, Bill Gray sera le premier, le 10 décembre 1879, à être envoyé à la potence. Une potence portative qui plus est, car elle était partagée avec d’autres districts judiciaires de la région. D'ailleurs ce dernier, qui se dira innocent jusqu’au jour de sa pendaison, avait pourtant été retrouvé avec des effets personnels de sa victime et fit, lors de son arrestation, des déclarations contradictoires. Probablement mal conseillé par son avocat, sa défense reposait sur le fait qu’il n’y avait aucune preuve que le corps calciné retrouvé sur les lieux du crime était bien celui de la victime.
Fait à noter, le bourreau Radcliffe, en charge de plusieurs des pendaisons à la prison Winter fut régulièrement critiqué par les médecins qui devaient confirmer la mort des condamnés. Ces derniers lui reprochaient son travail bâclé duquel résultait une longue agonie où certains prisonniers devaient se balancer une vingtaine de minutes au bout de leur corde avant d’être déclarés morts.
Le monde carcéral a toujours été reconnu pour sa dureté et bon nombre de familles affectées par la criminalité de leurs membres eurent beaucoup de difficultés à vivre avec cette triste réalité. Alors qu’il est condamné pour avoir volé un cheval à Waterville, Samuel Madeleine reçoit le 27 février 1913 la visite de sa mère et sa sœur alors qu’il vient tout juste d’arriver à la prison. Insultée d’avoir un criminel dans la famille, sa mère lui dira qu’ « elle préfèrerait le voir sous terre plutôt que de prendre le chemin du pénitencier ». Il sera retrouvé pendu dans sa cellule le soir même.
Alors que la justice aurait injustement dépossédé son père de sa ferme, Donald Morrison, surnommé le hors-la-loi de Lac-Mégantic, aurait tué le 22 juin 1887 le chasseur de primes Lucius Warren lancé à ses trousses. Dès lors, sa tête est mise à prix à plus de 3 000$, une fortune pour l’époque. Plus de 450 policiers et miliciens se lanceront à sa recherche et après deux ans de cavale, il est capturé et envoyé à la prison Winter en attente de son procès. Alors que des mesures spéciales seront prises afin d’éviter son évasion, il sera finalement condamné à 18 ans, peine qu’il purgera au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul, à Laval.
L’histoire d’Harry K. Thaw débute à New York alors que ce dernier est incarcéré suite au meurtre de l’amant de son épouse, Evelyn Nesbit. Cette dernière fut, au début du XXe siècle, un modèle qui inspira photographes et portraitistes, subjugués par sa grande beauté. Elle fut également danseuse dans diverses revues musicales sur Broadway.
De son côté, Thaw était fils d’un baron du chemin de fer de Pittsburgh et s’avéra extrêmement possessif à l’égard de sa jeune épouse. On raconte même qu’il avait l’habitude de porter sur lui un pistolet. Alors qu’il accompagnait sa femme au théâtre, il devint fou de rage lorsqu’il aperçut l’amant de sa femme. Ainsi, en pleine représentation de la chanson I Could Love A Million Girls, il assassina ce dernier de trois balles en s’exclamant : «Tu ne reverras plus jamais cette femme!».
À la fin de son premier procès, les membres du jury ne parviendront pas à s’entendre sur le verdict de culpabilité de ce dernier. Lors du second, alors qu’il plaidera la folie passagère, la mère de l’accusé promit à Nesbit un divorce à l’amiable accompagné d’un chèque d’un million de dollars si cette dernière plaide en sa faveur. Si à l’acquittement d’Harry Thaw elle obtient le divorce, sa belle-mère lui coupera les vivres et ne lui versera jamais la somme promise.
Incarcéré à l’hôpital psychiatrique de Matteawan à Beacon, dans l’État de New York, ce dernier s’enfuit et traverse la frontière canadienne où il sera capturé et envoyé à la prison Winter en attente de son extradition. Retourné aux États-Unis, il sera finalement relâché en 1915 après avoir été jugé sain d’esprit.
En juin 1990, la prison est définitivement fermée et ses derniers pensionnaires sont transférés dans les prisons environnantes. Dès lors, les lieux sont abandonnés. Alors que la Société de sauvegarde de la vieille prison est créée, ces derniers se portent acquéreurs des lieux pour un montant symbolique d’un dollar. Bien que l'ancienne maison du gouverneur annexée à la prison soit occupée et qu'une partie de la prison est utilisée par des petites entreprises, la grande majorité des lieux est laissée à elle-même. L'organisme chargé de lui trouver une nouvelle vocation peine à trouver des intéressés et pour le moment, la peinture sur les murs s'égraine doucement au gré des saisons.
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