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La vocation éducative des lieux remonte à près de 100 ans. À 1921, pour être plus exact. Alors qu’est construite une école de colonisation, la communauté religieuse responsable des lieux y offrira des formations théoriques et agricoles aux jeunes orphelins que l’État lui envoie.
Alors que les premières installations demeurent modestes malgré ses trois étages et sa structure de bois, un nouveau bâtiment moderne est construit en 1939 et agrandi à plusieurs reprises, dont l’ajout du gymnase en 1958.
En 1964, plus de 140 jeunes garçons fréquentaient les lieux qui comprenaient dorénavant une école primaire et secondaire. Aucune fille n’y était admise.
La discipline y était très sévère. Dès leurs arrivées, on regroupait les jeunes dans une salle et un frère montait sur la table pour expliquer les (nombreuses) règles à respecter : interdiction complète de parler avec une fille dans la rue; sortir du périmètre ou se promener sur le grand boulevard vous vaudra une semaine de punition, manquer de respect envers les statues religieuses est puni d’un coup au visage... « On avait peur de ces hommes-là, dira un ancien résident. C’était des robes noires avec des croix brunes ».
Hélas, l’autorité des religieux en était une de dérapage. De nombreux pensionnaires seront victimes d’attouchements et de violences sexuelles. « J’ai compté une vingtaine de frères qui m’ont battu ou qui m’ont touché sexuellement au cours de mes séjours », dira l’un d’eux.
Un autre déclarera : « J’ai eu un copain qui s’est suicidé tellement il était battu par les Frères. Il n’en pouvait plus. Il s’est jeté à la rivière pour se noyer devant mes yeux ».
De son côté, la police préfère fermer les yeux. Alors que les jeunes se plaignent de tout ce qui ne tourne pas rond, ils se font répondre par les autorités : « on ne peut rien faire, c’est votre chez-vous, vous n’avez pas de familles ».
Malgré un changement de nom, l’orphelinat fermera finalement ses portes en 1976 et sera transformé en base de plein air. Toujours sous la gouverne des Frères, d’ailleurs. Le complexe comprend, en plus du bâtiment principal, d’un presbytère, d’une érablière, d’un accès au lac et bien plus encore.
Les scandales sexuels finissent par éclater au grand jour et la communauté religieuse devra rendre des comptes. L’un des frères toujours vivants a d’ailleurs plaidé coupable en 2016 à une dizaine de chefs d’accusation, notamment d’atteinte à la pudeur et d’agressions sexuelles pour des actes qui se sont déroulées dans les années 1980, mais qui n’étaient pas en lien avec l’orphelinat.
Aujourd’hui, la communauté religieuse ne compte plus que trois membres et l’orphelinat ne leur appartient plus depuis près de dix ans. Ne reste plus que la coquille vide de l’orphelinat qui demeure inoccupé depuis six ans et dont les infiltrations sont en train d’affaiblir sa structure.
Notez également que face à la popularité soudaine des lieux, la municipalité a pris les mesures auprès de la police pour assurer une plus grande vigie et empêcher les intrusions.
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