Il y a de ces institutions que l’on croyait être l’âme d’une région et qui se retrouvent sans que l’on ne sache trop pourquoi d’énormes carcasses dignes de la lugubre des cours à ferraille. Avec la liste de fermeture d’entreprises qui ne cessait...
Véritable vestige d'une époque révolue, les écoles de rang du Québec rural étaient plus de 4 000 il y a à peine 70 ans. De 1829, avec l'adoption de l'Acte pour l'encouragement de l'éducation populaire, jusqu'en 1960 alors que la réforme du système scolaire entre en vigueur, ces écoles permettaient d'offrir aux enfants en zone rurale un enseignement primaire.
L'âme de l'école de rang était sans contredit l'institutrice. Néanmoins, son rôle était d'une ingratitude digne d'un siècle passé. Alors que son salaire tournait entre 30 $ et 100 $... par année, elle logeait à l'étage où se trouvaient une chambre et une cuisine. Dans certains cas, elle devait même se résigner à loger chez un voisin. Sa journée de travail débutait aux aurores alors qu’elle devait chauffer le poêle l'hiver et s'occuper du bâtiment durant toute l’année. Enfin, si elle avait le culot de se marier, elle était congédiée aussitôt. Cette pratique dura jusqu'en 1960, alors que les écoles de rang sont abandonnées au profit d’écoles de village, beaucoup plus grandes et adaptées aux étudiants.
On y enseignait le français, l'arithmétique, l'histoire, la géographie, mais également la bienséance, le dessin, le chant et la religion. C'était l'époque où les parents jugeaient plus important d'avoir les enfants auprès d'eux pour les travaux à la ferme plutôt que sur un banc d'école.
Mais c'était surtout l'époque où la religion faisait office de vérité absolue et où la règle ne servait pas qu'à mesurer, mais également à réprimander. L'omniprésence des « divins enseignements » se faisait jusque dans les programmes scolaires. La moitié des 700 pages guidant les sept années du primaire était consacrée à l'enseignement religieux. Même les mathématiques servaient de prétexte à la religion où étaient calculés des chapelets. Le terme « école primaire » prenait donc tout son sens dans ces lieux.
Aujourd'hui, la plupart de ces écoles de rang ont été vendues et converties en maison. D'autres ont été abandonnées, brûlées ou détruites. Si celle-ci a été épargnée, en apparence, son piteux état démontre que deux seules options s'offrent à son propriétaire: d'urgentes et coûteuses rénovations ou une démolition rapide. Personnellement, je lui souhaite la première option accompagnée d'une passion de l'histoire du Québec rural...
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