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Bien que le terme « village abandonné » s'applique au petit hameau que fut Rivière-La Guerre, il faut avouer qu'il ne reste aujourd'hui que bien peu de vestiges pour témoigner de la présence de cet ancien village écossais. Ce village n'aura vécu, après tout, qu'une trentaine d'années.
Le nom Rivière-La Guerre tire ses origines de François dit La Guerre qui vivait dans la région au tournant du XIXe siècle.
C'est à partir du milieu des années 1820 que vinrent s'installer les premiers colons écossais au village de Godmanchester, mieux connu sous le nom de Rivière-La Guerre. En 1830, le village compte 82 habitants répartis en 16 familles. Une école de rang fut en service de 1829 à 1846 et plusieurs magasins, dont un cordonnier, ouvrirent leurs portes.
Le territoire s'organise tranquillement et sera découpé en 144 lots en 1847 dont une douzaine deviendront la propriété de la Calvin Presbyterian Church. D'ailleurs, sur le plan, on retrouve des rues et une place publique. Alors que certaines de ces rues seront défrichées, dont la place publique, les travaux ne seront malheureusement jamais parachevés. Aujourd'hui, il ne reste qu'un chemin de terre en guise de la rue Elgin.
En superposant la map Google d'aujourd'hui au plan ci-haut, on découvre que les derniers vestiges encore debout; à savoir, l'église et le presbytère (tout deux abandonnés) occupaient respectivement les lots 94, 93 et 92 (le presbytère semble être localisé sur deux lots). Quant à lui, le manoir Rosebank semblait occuper le lot 127. Bien entendu, ces suppositions sont hypothétiques et découlent d'une manipulation de superposition "à la Photoshop".
Le village ne vivra donc qu'une trentaine d'années. À la fin des années 1850, il est pratiquement désert. Les crues provoquées par la construction du premier canal de Beauharnois auront raison du village et de ses habitants. De plus, le service de ravitaillement par bateau qui alimentait le village cessera ses activités, étant donné que la nouvelle génération de bateaux, à vapeur, n'était plus en mesure de se frayer un chemin dans la rivière La Guerre pour ainsi se rendre jusqu'au village.
Construit aux alentours de 1840, le manoir Rosebank ou John MacDonald constitue aujourd'hui le seul vestige encore habité de ce que fut Rivière-La Guerre. C'est eux, d'ailleurs, qui commencèrent à racheter les lots du défunt village à la fin des années 1840. Aujourd'hui, la totalité des terres qui formaient jadis le village appartient aux descendants de la famille Irving qui rachetèrent le domaine en 1914 de la famille MacDonald.
C'est environ 80 sépultures qui reposent dans le cimetière de la Calvin Presbyterian Church. Le dernier enterrement, celui d'un certain Harry Steward, remonte à 1948. Aujourd'hui, le cimetière est dans un piteux état et plusieurs pierres tombales sont tombées ou menace de le faire.
À ce qui a trait à l'église, le temps a déjà largement endommagé sa façade. Le toit est tombé au tournant du millénaire, ses murs s'effritent à la vitesse "grand V" et la végétation a commencé à pousser à l'intérieur de ses quatre murs.
C'est en 1847 que la première pierre de la "Free Presbyterian Church" sera posée par John Leslie. L'église sera complétée en 1851 par les autres membres de la communauté. De style gothique, on y célèbrera des services religieux en anglais et en gaélique.
Ironiquement, c'est durant la construction de l'église que le village commencera doucement à voir ses habitants partir. Malgré tout, l'église resta ouverte durant plus de 90 ans. Ses derniers services eurent lieu en 1941, bien qu'ils n'étaient plus célébrés de façon régulière depuis une dizaine d'années.
Situé de l'autre côté de la rivière, le bâtiment de brique rouge est lieu aussi en état d'abandon assez avancé. La structure est néanmoins en meilleur état que l'église. Sa construction, bien qu'inconnu, remonte probablement au milieu des années 1850. Sa vie utile sera très courte, car dès 1857, aucun ministre de culte ne réside dans le village de façon permanente. Le presbytère sera néanmoins utilisé de façon sporadique, mais tombera rapidement dans l'oubli.
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